Oeuvres

Les débuts

François Morellet commence par de la peinture figurative avant de passer à l’abstraction géométrique.

1952 – Premiers systèmes

Les œuvres de François Morellet sont exécutés d’après un système : chaque choix est défini par un principe établi par avance. Il veut par là donner l’impression de contrôler la création artistique tout en laissant une part de hasard, ce qui donne un tableau imprévisible. Il utilise des formes simples, un petit nombre de couleurs en aplats, et des compositions élémentaires (juxtaposition, superposition, hasard, interférence, fragmentation). Il crée ainsi ses premières  » trames », des réseaux de lignes parallèles noires superposées selon un ordre déterminé qui recouvrent toute la surface des tableaux.

Ces systèmes rappellent les structures proposées par l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) et décrites par Raymond Queneau : « Quel est le but de nos travaux ? Proposer aux écrivains de nouvelles « structures », de nature mathématique, ou bien encore inventer de nouveaux procédés artificiels ou mécaniques, contribuant à l’activité littéraire ».

Par la suite, François Morellet va continuer à utiliser des systèmes basés sur un univers mathématique.

6 répartitions aléatoires de 4 carrés noirs et blancs d'après les chiffres

« 6 répartitions aléatoires de 4 carrés noirs et blancs d’après les chiffres », 1958, Centre Pompidou

sphère trame

« Sphère trame », 1962

Violet, bleu, vert, jaune, orange, rouge

« Violet, bleu, vert, jaune, orange, rouge », 1953 Centre Pompidou

Hexagones à côtés bleus et verts

« Hexagones à côtés bleus et verts », 1953, Centre Pompidou

4 panneaux avec 4 rythmes d'éclairage interférents 1963

« 4 panneaux avec 4 rythmes d’éclairage interférents », 1963

1960 – GRAV

François Morellet crée le Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV) en 1960 avec Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, Joël Stein, Francisco Sobrino et Jean-Pierre Yvaral. Ils apportèrent beaucoup à l’art minimal et à l’art cinétique. Ils voulaient « donner un sens social à la géométrie ». Le groupe se dissout en 1968 après avoir participé à plusieurs expositions.

GRAV

Le GRAV : Joël Stein, Julio Le Parc, Jean-Pierre Yvaral, Lélia Mordoch, Francisco Sobrino, Anne Passeron, Horacio Garcia Rossi et François Morellet

1963 – Néons

François Morellet intègre des néons à ses œuvres en jouant sur ses spécificités (intensité de l’éclairage, allumage instantané, fabrication impersonnelle). Il les met en lien avec la toile ou les installe seuls dans l’espace. Ce travail n’est pas sans rappeler l’œuvre de Dan Flavin.

Néons bilingues aléatoires

« Néons bilingues aléatoires », 1971, Centre Pompidou

Néons bilingues aléatoires

« Néons bilingues aléatoires », 1971, Centre Pompidou

dan_flavin the nominal three 1963

Dan Flavin, « The nominal three », 1963

1968 – Adhésifs éphémères

A partir de 1968, François Morellet installe des trames de bandes adhésives noires sur différents lieux et supports, comme par exemple sur des sculptures du musée des Beaux-arts de Nantes. Cela permet d’intégrer les statues du XIXe siècle présentes dans le musée à l’exposition dédiée à François Morellet.

« J’ai réalisé qu’une des raisons d’être de mes systèmes, et non la moindre, était de simuler, de parodier de vrais mouvements artistiques, illustrés par de vrais chefs-d’œuvre, réalisés par de vrais artistes à la suite d’innombrables décisions subjectives et géniales… »


 

Musée des beaux-arts de Nantes

 

1971 – Désintégrations architecturales

En 1971 débute une période où les œuvres sont agencées de manière à jouer avec l’espace qui les entoure.  Ce sont des « désintégrations architecturales », des grandes structures dépouillées de formes géométriques qui s’intègrent à l’architecture du lieu dans lequel elles sont placées.

Super position 2 2002 MBA Angers

« Super position 2 », 2002, Musée des beaux-arts d’Angers

1973 – Tableaux déstabilisés

François Morellet s’intéresse au rapport entre la ligne, qui est l’unité constitutive de la trame, et l’espace sur lequel elle se trouve, représenté par des supports. On peut appeler ces « tableaux » des « constructions » ou des « déconstructions » car il met côte à côte différents espaces morcelés dont on peut imaginer les prolongations.

Seule droite traversant 2 carrés dans 2 plans différents

« Seule droite traversant 2 carrés dans 2 plans différents », 1978, Centre Pompidou

1983 – Géométrees

La série Géométrees permet de mélanger des contraires : élément naturel (branche, brindille, c’est-à-dire l’organique) et géométrie (l’artificiel).

1992 – Systèmes à travestir, Relâches et Free Vol

« Un de mes systèmes à travestir préféré consiste à répartir des éléments simples sur une surface d’après le principe du « jeu de la bataille navale ». Les coordonnées étant fournies par les chiffres aléatoires d’un annuaire de téléphone. Les deux décisions subjectives restant donc en gros : quel élément choisir et combien de fois le répéter. Avec ce système, j’ai déjà travesti mes petits carrés en tableaux impressionnistes et mes grosses lignes en peintures abstraites expressionnistes. Je m’attaque maintenant à mes chers angles droits qui vont parodier de grands reliefs baroques (et abstraits bien évidemment). Il est donc superflu de préciser que toute ressemblance passée et future avec Monet, Seurat, Soulages, Kline, Tatlin, Stella etc… n’est absolument pas fortuite. »

En 1992, François Morellet commence trois nouvelles séries de systèmes : Systèmes à travestir, Relâches et Free Vol. Il utilise des toiles carrées et des chiffres aléatoires qui définissent en fonction du système la position des éléments, leur couleur, leur matériau (laque glycérophtalique, néon, peinture acrylique…), le nombre d’angles droits, l’angle d’inclinaison de la toile… Chacune des décisions est donc objective, la seule décision subjective étant de définir la règle du système. On peut ainsi réaliser une infinité d’œuvres.

« Incapable de m’intéresser au beau, au vrai, au cri ou à la raison, je me suis résigné depuis de nombreuses années à simuler, parodier ou travestir. C’est bien de mon époque, bien de mon âge, ou même bien de mon milieu social, me dit-on. J’en conclus donc que c’est bien et que je ne vais pas m’arrêter là ».


relache n2

« Relâche n°2 »

1996 – Grotesques et Lunatiques

Jusqu’au début des années 90, François Morellet a préféré utiliser les lignes droites aux courbes. C’est d’abord avec la Gitane puis avec une série intitulée Grotesques qu’il introduit pour de bon les courbes dans son travail : il associe une ligne, une branche de bois et un néon courbe.

Comme pour les Relâches, les Lunatiques permettent de nombreuses combinaisons : « Tout y est identique [aux Relâches], sauf leurs formes, les carrés sont remplacés par des cercles, les angles droits par des demi-cercles, la grille pour installer la position des éléments – qui a été tirée au sort – étant devenue une spirale et celle-ci étant dessinée sur le tableau qui lui sert de support. »


lunatique neonly n-1 mba-rennes

« Lunatique neonly n°1 », Musée des beaux-arts de Rennes

Lunatique neonly 2004

« Lunatique neonly », 2004

Lunatique compact N° 3 1996

« Lunatique compact n° 3 », 1996

Courbettes n°5 1995

« Courbettes n°5 », 1995

1998 – Déclinaisons de π

Ce système est sans fin : il consiste à articuler des segments de droites selon des angles aléatoires obtenus à partir du nombre π.

« J’ai toujours cherché à réduire au minimum mes décisions subjectives et mon intervention artisanale pour laisser agir librement mes systèmes simples, évidents et de préférence absurdes. »

« Beaming Pi », 2002

« Beaming Pi », 2002

Pi roccoco N° 21, 1 = 75° 2005

« Pi roccoco n° 21, 1 = 75° », 2005

π strip-teasing, 1=90º P. 2005

« π strip-teasing, 1=90º », 2005

2000 – 2005 – Décrochages et Lamentables

Les Décrochages sont quatre arcs en néon blanc qui devraient créer un cercle, mais un ou plusieurs ne sont pas à leur place. Pour la série Lamentables, François Morellet utilise le même principe avec des huitièmes de cercle mais les néons subissent en plus les contraintes du lieu dans lesquels ils sont installés.

« J’ai toujours été passionné par le mariage de l’ordre et du désordre, que ce soit l’un qui produise ou perturbe l’autre, ou l’autre qui produise ou perturbe l’un. »

« Décrochage n°5 », 2005

« Décrochage n°5 », 2005

2007 – Blow-up

François Morellet a travaillé la question de l’agrandissement (en anglais blow-up) de ses œuvres avec la reprise d’anciennes œuvres de 1952.

2008 – Ma Musée

Ma Musée est le titre de la dernière exposition en date de François Morellet au musée des Beaux-arts de Nantes. Il a agrandit dans le patio central un de ses tableaux constitué de lignes, qui deviennent ici des couloirs menant à des œuvres choisies.

patio Nantes

Patio du musée des beaux-arts de Nantes

Patio du musée des beaux-arts de Nantes

Patio du musée des beaux-arts de Nantes

2010 – L’esprit d’escalier & de temps en temps

« Si vous voulez au moins faire sourire votre architecture, appelez-moi ! »

Les vitraux décalés est une œuvre de François Morellet installée au Louvre, dans l’escalier Lefuel de l’aile nord Richelieu. Les lignes géométriques des vitraux sont désaxées. « J’espère bien avoir introduit là un désordre discret et absurde qui pourra faire sourire des visiteurs « dans mon genre », tout en ne sautant pas aux yeux de tous les autres, au risque de les faire trébucher dans l’escalier. » Il s’agit d’une œuvre surprenante et en décalage car installée dans un lieu classique.

l'esprit d'escalier

Les vitraux décalés du Louvre

« De temps en temps » est une œuvre visible sur le bâtiment Harmonie Atlantique de Nantes, près du pont Anne de Bretagne. Elle permet d’annoncer le temps qu’il fera quatre heures plus tard, grâce à des néons en forme de cercles rouges pour le soleil, des arcs blancs pour les nuages et des néons bleus pour la pluie. Cet indicateur météorologique a été créé dans le cadre de la Biennale Estuaire.

La facade en projet

La facade en projet

Estuaire 2009

François Morellet devant « De temps en temps »

2011 – Réinstallations

Réinstallations est une rétrospective des installations de François Morellet qui a lieu au Centre Pompidou du 2 mars au 4 juillet 2011. Un ensemble de 26 œuvres est « réinstallé » dans une galerie pour retracer la carrière de l’artiste.

Comments
6 Responses to “Oeuvres”
  1. Christian poirier dit :

    Je vis l’abstraction géométrique depuis 40ans , manipule la diagonale du carré et l,aléatoire , mais ne le réactive que depuis cette année . J’admire le parcours et les portes ouvertes par françois morellet . Qu’il en soit remercie . Chp .

  2. Steeve Lemay dit :

    Bonjour,

    Est-il possible d’entrer en contact avec M. Morellet?

    Merci de m’en informer svp.

    Steeve Lemay, auteur de manuels scolaires

    • mlamouret dit :

      Bonjour,

      J’ai réalisé ce site il y a 3 ans et j’en avais oublié l’existence, excusez moi d’avoir mis autant de temps pour répondre… Je ne connais pas personnellement Francois Morellet mais voici les livres qui m’ont aidé lors de mes recherches :
      François Morellet, 1926 – 2006 etc. Récentes fantaisies
      François Morellet, Relâches et Free Vol
      François Morellet, Comptemporains
      Oeuvres acquises par la ville de Cholet
      François Morellet, Ma Musée.

  3. petra heuschkel dit :

    Bonjour, est-ce que vous me permettiez de partager le liens sur ma page faceBook ?
    Merci en avence. Best regards, Petra Heuschkel

  4. Annie Charlez dit :

    Le musée de Cholet (Maine et Loire) expose de nombreuses oeuvres de François Morellet. C’est superbe et vaut le détour.

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